Le père d'Alicia n'avait pas tout dit(13/09/2007)
Dommage, quand même, que Marcel ait omis pendant 10 mois de raconter aux enquêteurs ce que sa fille lui avait confié
CHARLEROI C'est par hasard, la semaine passée, lors d'un entretien à bâtons rompus, que Marcel Allemeersch s'est soudainement rappelé que, quelque temps avant de disparaître, sa fille Alicia lui a dit à deux reprises : "Le jour où j'en aurai vraiment marre, je m'en irai dans un autre pays et vous ne me retrouverez jamais".
Cela ne fait jamais que dix mois (depuis hier) que six enquêteurs de la police judiciaire fédérale de Charleroi s'échinent à retrouver la jeune femme de 20 ans qui n'a plus donné signe de vie depuis le 12 novembre dernier. Marcel Allemeersch convient qu'il aurait quand même pu leur confier ce petit détail.
Pendant l'été, ces policiers de Charleroi ont travaillé sans compter les heures pour retrouver une jeune femme assez ressemblante aperçue en juillet au Westland d'Anderlecht. Marcel a-t-il encore beaucoup de choses comme celles-là qu'il oublie de dire depuis tout ce temps ?
Le père d'Alicia est persuadé que sa fille est toujours vivante. Mais il dit aussi que sa fille ne serait jamais partie sans son bébé. S'agissant d'une femme seule dont tout s'arrête net à 11 h du soir dans un quartier peu sûr, l'hypothèse d'un départ volontaire ne va pas non plus dans le sens du dossier. Mais le père d'Alicia nous dit bien aujourd'hui que, dans un contexte personnel difficile, sa fille en rage lui a dit deux fois que, le jour où elle s'en irait, elle partira à l'étranger et on aura beau la chercher, personne ne la retrouvera. Difficile bien sûr de ne pas en tenir compte.
Elle avait trouvéun appartement
Le contexte est lié à ses relations avec Judigaël, son compagnon durant deux ans et père du bébé. Depuis quelque temps, Alicia est informée de certaines choses qui ne lui font pas plaisir.
En fait, elle projette de quitter son copain. Alicia a trouvé un appartement à Couillet et compte s'y installer avec son bébé. La première fois au pied du building où vit le couple, Alicia évoque avec son père le projet de "disparaître à l'étranger" .
Une seconde fois, dans le jardin, Alicia revient sur le sujet et tient les mêmes propos. Un beau-frère, Jonathan, assiste à la scène.
Marcel Allemeersch marque son embarras. "C'est vrai que j'aurais dû le dire au commissaire. J'avais pas songé. Cela a peut-être son importance."
Question : Alicia est-elle du genre à "parler en l'air" ? "Elle est très famille, en tout cas, certainement pas du genre à abandonner son bébé. Elle était fière de sa petite fille. Elle traversait la ville avec la poussette pour la montrer à ses copines."
Question subsidiaire, Alicia connaissait-elle quelqu'un ? Voyageait-elle beaucoup ? "Voyager ? Jamais. En tout et pour tout, dans sa vie, elle est allée deux fois en France, en 2004, à Narbonne et à Disneyland Paris. Mais j'imagine, par exemple, qu'elle peut avoir rencontré quelqu'un dans les discothèques qu'elle fréquentait à Tournai, la Bush et le Capt'ain..."
Alicia a disparu sans sa carte d'identité. Aucun indice de préparatifs. Et le compte en banque (quasi nul, il est vrai) n'a plus jamais bougé.
Gilbert Dupont
© La Dernière Heure 2007